Le canal de Marseille
Décidée en 1834 pour mettre fin aux épidémies de choléra, la construction du canal de Marseille a été votée le 4 juillet 1838 par le maire de l’époque Maximin Consolat qui déclara: « L’exécution du canal est une décision irrévocable: quoi qu’il advienne, quoiqu’il en coûte, le canal s’exécutera ».
Il prend sa source dans la Durance à Pertuis, pour arriver jusqu’a La Ciotat et Cassis en 1883, après avoir parcouru 195 Km, traversé 84 souterrains et 20 ponts-aqueducs. Les travaux ont commencé en 1843, l’eau est arrivée sur le plateau Longchamp le 19 novembre 1849, et a traversé le terroir Marseillais à partir de 1847.
Oeuvre de l’ingénieur Frantz Mayor de Montricher, plus de 5000 ouvriers participeront à sa réalisation.
La traversé de Chateau Gombert

Pour le secteur de Château Gombert le canal court sur une longueur de 4 853 m et occupe 2 éclusiers. Il comporte:
4 Siphons
5 Maisonnettes pour cantonniers arroseurs
2 Stations de chloration
1 Station pour pompe de secours
13 Ponts pour le traverser
4 Boites d’arrosage public
2 Aqueducs 50m pour le moulin Vin et 137m pour celui de la campagne Flotte
128 Prises d’arrosage
8 625 Mètres de rigoles d’arrosage










L’ingéniosité des hommes pour utiliser l'eau du canal pour arroser les terres qui sont plus hautes que le niveau de l'eau
En 1848 l’arrivée des eaux du Canal de Marseille dans le terroir va modifier en profondeur l’économie agricole. A Château Gombert le territoire se trouve coupé en deux par le canal, qui sépare ainsi les parcelles « à l’arrosage » situées en contrebas, irriguées par gravité à l’aide du système des rigoles, et où de riches cultures maraîchères deviennent possibles, et les parcelles « au sec » qui, ne pouvant être irriguées, vont conserver le type de cultures pauvres qui existaient partout avant l’arrivée de l’eau. Les propriétés situées en bordure du canal, mais au dessus de son niveau, obtinrent la concession de prises d’eau, celle-ci devant être élevée artificiellement pour pouvoir servir à l’irrigation des terres. Les norias furent construites à cet effet. On en dénombre encore quelques unes dans le quartier : à la Viscontine, la Seramone, l’ancienne campagne Roman. Suivant le relief du terrain ces norias peuvent comporter une tour plus ou moins haute afin d’amener les eaux à la hauteur voulue ; dans tous les cas le mécanisme était mis en mouvement par une bête de somme, en général un mulet ou un âne. On notera cependant que l’irrigation de la propriété « la Claire » se faisait par une roue à aube mue par le courant des eaux. Cette roue a disparu depuis de nombreuses années






Commentaire
La roue de La Claire





La noria de Palama
La propriété avait appartenu autrefois à une famille Carry ; elle comportait une maison de maître, grande bâtisse carrée assez imposante et des dépendances, ainsi qu’une ferme , « la Moussière », située à quelque distance. La propriété a ensuite été achetée par le baron Louis Nicolas de Samatan, ainsi que d’autres domaines à Château Gombert. Ce baron, ennobli par Napoléon III, était fort riche, et ses filles étaient de beaux partis. L’une d’elles, Louise, épousa Jules de Gombert, descendant peu fortuné des anciens seigneurs du quartier, qui trouvait ainsi l’occasion de revenir dans la terre de ses ancêtres. Louis de Samatan donna en dot à sa fille la propriété Carry, qui devint de ce fait » Château de Gombert ». Le canal coupait en deux la propriété, et le château était dans la partie « au sec ». Or Jules de Gombert avait bien l’intention de tenir à Château Gombert son rang de seigneur du lieu. Il projeta donc des embellissements pour le château et les jardins, mais il fallait de l’eau… d’où la noria, qui devait être assez haute pour élever l’eau au niveau des bassins et fontaines.
Cette noria fut donc établie sur un socle circulaire de bonne hauteur où l’animal chargé de mettre la machine en mouvement tournait sans fin autour de la tour contenant la chaîne à godets montant l’eau depuis le puisard alimenté par le canal. Ainsi furent créés les bassins dont l’un au moins existait encore il y a quelques décennies. Pour Louis de Samatan, le beau père, qui, malgré son titre tout neuf de baron, n’était que peu sensible au prestige de la noblesse, ces travaux somptuaires avaient un côté un peu ridicule. Il en plaisantait, faisant des comparaisons sur le mode ironique avec les jardins de Versailles et la machine de Marly1.
Plus tard il ne plaisanta plus, voyant que la dot de sa fille risquait de faire les frais des rêves de grandeur de son gendre. Mais ceci est une autre histoire. Pour en revenir à la noria, en dehors d’alimenter les fontaines seigneuriales, elle permettait d’irriguer la propriété, et dut rester en service de longues années. Par son histoire hors du commun et son architecture originale elle mérite bien d’être conservée et restaurée.
Jean-Pierre Mazet, Conservateur du Musée du Terroir Marseillais.




Les cabanons et portes de servitudes
Ces cabanons , implantés tous les 2 ou 3 kilomètres sont construits en pierre de taille et en briques avec une porte en bois et deux fenêtres en demi-rond.
On y trouvait un lit, un coin cheminée et tout le matériel utile à l’eygadier: clef de vanne, lampe à pétrole, fourche etc…
5 maisonnettes de ce type sont implantées sur Château Gombert. Merci à Mr Jean Albert CHIAPPERO pour ces illustrations.



