La chasse au poste dans les collines de l'Etoile
Plus qu’une passion, c’est un art de vivre en Provence
Cette chasse n’est pas un sport, c’est une chasse de repos, tout au moins lorsque l’on est installé dans le poste. Mais avant il faut un peu travailler pour le préparer.
C’est une chasse qui remonte très loin dans le temps, certainement avant la Révolution. Au début, elle était pratiquée surtout par les gens fortunés ou aisés. En effet, les paysans il y a deux ou trois siècles ne pouvaient pas s’acheter un fusil et ils n’avaient pas toujours le droit d’occuper une parcelle de colline pour y construire un poste. Mais depuis une bonne centaine d’années, cette chasse s’est démocratisée.
Elle est pratiquée par toutes les couches de la société, alors que fin XVIIIe, début XIXe siècle, la plupart des postes se trouvaient dans les propriétés secondaires appartenant à des bourgeois et des riches marchands Marseillais. En fin de semaine ils partaient à la bastide, c’est-à-dire à leur maison de campagne. Elle était située dans la banlieue de Marseille, à environ une heure, une heure et demie de voiture du centre-ville, et encore fallait-il avoir
un bon équipage, avec des chevaux rapides. Mais quel plaisir de se retrouver dans une grande maison confortable entourée de trois ou quatre hectares de terrain boisé et fleuri. À la limite de la propriété se trouvaient quelques arbres et en particulier des pins où était installé un poste à feu.
On y pratique cette chasse, que l’on appelle couramment chasse au poste.
Elle débute au mois d’octobre, lors de la migration d’hiver, dite le passage, pour se terminer au mois de février; la dernière période est dite la repasse. La meilleure journée de chasse est le jour de sainte Thérèse, le 15 octobre. Lorsque l’on dit « chasse aux grives », il faut se rappeler du vieux dicton Faute de grive, on mange des merles. On l’aura compris, les merles font partie du gibier chassé au poste.



La chasse se pratique de deux façons: soit le gibier est tué pour être mangé, soit les oiseaux qui sont attrapés vivants (on utilise le mot Prendre et non Attraper) pour faire des appeaux, c’est-à-dire des appelants.
Le poste
Pour le gibier à tirer, on confectionne des abris pour les chasseurs, les postes à feu. Ce sont parfois de simples abris de branchages, mais la plupart du temps, ils sont construits en dur. On trouve encore quelques spécimens bâtis comme des petites maisons avec un toit en tuiles.
Certains possèdent à l’intérieur une cheminée, qui permet de faire du feu pour se chauffer. la majorité sont construits en planches avec un toit, soit en tôle, soit en carton goudronné pour être à l’abri de la pluie. Ces postes doivent être camouflés à la vue des oiseaux: pour cela, on les recouvre de branches d’arbres coupées aux alentours et que l’on fixe à l’aide de fil de fer. On appelle cette opération de camouflage « ramer le poste ». Cela est dû au fait qu’en Provence, on nomme les branches légères de pin des rames.
Les parois des postes, particulièrement le devant, doivent être percées de meurtrières pour voir arriver les oiseaux et faire sortir l’extrémité du canon du fusil. Ces meurtrières toujours de forme horizontale ont pour nom agachons.
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Les arbres qui l’entourent ont également droit au nom de poste: ils doivent être disposés en demi-rond. sur le devant du poste. On les choisit à l’avance, lorsque l’on veut construire un poste, pour leur forme et leur position, sur une légère élévation de façon à être vu par les oiseaux, mais aussi pour que le chasseur voit bien arriver les oiseaux. Lorsque l’on construit le poste, on aura soin de l’orienter de telle façon que le soleil levant n’éclaire pas la façade principale afin que le chasseur ne soit pas ébloui. Les branches de ces arbres doivent être taillées et arrangées pour former perchoir et être assez éclaircies pour bien y voir à travers.
À la cime de certains arbres, on fixe une branche morte. On le retrouve parfois sur certains postes élaborés. On grimpe au sommet d’un arbre ou deux, on effeuille les branches pour ne laisser que le squelette.
ces branches dépouillées sont appelées cime aux, en provençal on a l’habitude de dire des cimeu. Ces cime aux, se trouvant en haut des arbres, attirent beaucoup plus les oiseaux que les branches basses: ainsi le chasseur peut plus aisément les tirer.













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Page réalisée avec la complicité d’un Gombertois, Aimé ALLIES, qui représentait la fédération de la Méditerranée à la Confédération nationale des groupes folkloriques français.
Les informations sont extraites d’un article publié dans la revue Folklore de France N° 301 parut mai 2010.
Les chasseurs présentés sont des éminents chasseurs traditionnels Gombertois

La finalité de la chasse au poste (mis à part le déjeuner quotidien)


